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Les mémoires de Julien Pierre SOUDRY - Partie 1 : Première guerre de Vendée (mars-octobre 1793)

Index de l'article

 soudry2Le 11 Mars 1793 le maire de Montrelais, Monsieur MARTIN, publie le décret de la levée de 300.000 hommes, ce que refusent des jeunes gens qui se proposent d’aller à Ingrandes. Finalement ils iront à Varades. Ils cherchent dispute aux « patriotes », parcourent la campagne de Champtocé, Varades et Saint Herblon et font le projet de prendre Ancenis, chef lieu du district. Ils sont mis en déroute et cinquante d’entre eux seront tués par les habitants.

Le 13, à Montjean, ils ont plus de succès et quatre habitants sont tués. Accompagné de CHARRIER, je pars pour Angers où je dois régler des marchands à qui je dois de l’argent. A Saint Georges sur Loire, nous rencontrons des cavaliers qui nous forcent à rentrer chez nous et nous ramènent à Champtocé à l’auberge GALLOIS, qui est devant le château, et où nous buvons chopines. A priori Julien Pierre repart pour Saint Georges où il couche avec un certain CHARRUAULT. Ils y trouvent ROUQUIER l’aîné. Le lendemain, jeudi 14, partant du relais de poste de Maître LE BAFFOUR, ils se rendent enfin à Angers et, très rapidement, ils repartent pour Ingrandes où ils arrivent à dix heures du soir. Ils y trouvent un bataillon de la garde nationale d’Angers, fort de 400 hommes et de deux pièces de canon, commandé par Monsieur GROSBINET. Ils repartiront le 15.

Le 20 Mars, quatre vingt habitants d’Ingrandes partent en armes pour Angers. Le lendemain, deux cent cinquante aristocrates entrent à Ingrandes vers 14 heures, brûlent les papiers de la municipalité et emportent trois fusils, une grande pique et un tambour qui était au corps de garde. On leur a donné à manger dans les rues, leur commandant leur ayant interdit d’entrer dans les maisons. Ils s’en sont allés sans faire tort à personne. Nous étions réfugiés à Champtocé, quand vers six heures du soir les habitants, qui étaient restés à Champtocé, sont arrivés avec ceux de Saint Georges (sur Loire).

Le vendredi 22, un bataillon de gardes nationaux d’Angers, commandés par LE ROULLIER, est arrivé à Ingrandes. Ils en sont sortis et se sont portés sur les mines de charbon, ont tué deux hommes, dont un travaillait dans la vigne, et fait plusieurs prisonniers. Le même jour, des gardes nationaux de Candé Pouancé sont arrivés à Ingrandes vers les neuf heures du soir. Il mouillait à verse. En passant à Saint Sigismond ils ont tué trois hommes à bout touchant qui se sauvaient sans armes et fait des prisonniers. Dans le courant de la semaine sainte, les habitants de Montrelais, Belligné, La Chapelle, sont venus déposer leurs fusils à la municipalité d’Ingrandes.

Le 2 avril 1793, dernier jour des fêtes de Pâques, à Angers, il a été guillotiné 22 hommes qui avaient été fait prisonniers du côté de la Loire et de Châteaubriant. Le bataillon des gardes nationales est arrivé à Ingrandes avec cinq pièces de canon. On a battu la générale à Ingrandes et le sergent DELACOUIDRE de La Pommeraye a été fusillé par sentence de la commission militaire siégeant à Ingrandes. On dit qu’il avait coupé « l’arbre de la Liberté ». Le lendemain, l’armée s’est portée du côté de La Meilleraie, en face de Saint Florent, pour reconnaître le terrain. Elle est rentrée le soir à Ingrandes, pour repartir au matin à La Meilleraie où elle a mis le feu et brûlé environ cinquante maisons par ordre du commandant LE ROULLIER.

Le 10 avril 1793, une patrouille d’aristocrates à cheval est venue sur la rive gauche, en face d’Ingrandes, a tiré trois coups de fusil sur des pêcheurs qui se sauvaient en barque à Ingrandes. Une partie de l’armée a passé la Loire avec un canon et on s’est fusillé de loin, sur le soir, en face de la ville d’Ingrandes, à une portée de fusil de la rivière. Le nommé BURGEVIN a été fusillé par décision de la commission militaire, séant à Ingrandes. On dit qu’il avait correspondu avec les aristocrates.

Du 22 avril au 9 juin, il ne s’est rien passé de mémorable. On coupe quantité de bois sur les bords de la Loire, qui flotte inutilement.

FLASH : le 29 Mai les Vendéens prennent Saumur mais échouent devant Nantes.

Le 13 Juin 1793, on bat la caisse vers les dix heures pour faire patrouille. Il se trouve des garçons de la mine à la Rue du Fresne (en Bretagne), dont un qui prit notre tambour. Le 14ème bataillon de Paris, que nous avions en garnison à Ingrandes, pour gagner la grande armée de citoyens au Lion d’Angers, après avoir brisé quantité de bateaux et demandé à son commandant OSWALD le pillage de la ville, en prenant prétexte de visiter partout pour vérifier s’il y avait des armes cachées, voit son commandant, qui était honnête homme, pénétré d’indignation d’une telle demande, qui les a refusées nettes. C’était bien heureux pour nous car il y avait dans ce bataillon quantité de mauvais sujets. C’est la plus mauvaise garnison que nous ayons eue jusque là. Il y avait dans le bataillon une cinquantaine de femmes qu’ils avaient amenées de Paris. En s’en allant, ils ont emporté une trentaine de fusils du corps de garde et même désarmé, à la porte, la sentinelle en faction. Le curé constitutionnel d’Ingrandes, nommé LAURENT, s’en est allé avec eux et a emporté de concert, avec quelques soldats du bataillon, le Saint Sacrement et trois calices. Plusieurs habitants d’Ingrandes ont suivi la troupe.

En juin, le vendredi quatorze, l’armée catholique et royaliste est arrivée par eau à Ingrandes. Ils ont abattu l’arbre de la Liberté et ôté le bonnet du clocher. Le dix huit, l’armée catholique et royaliste, venant de Saumur, est entrée à Angers sans trouver de résistance. Le 20, le drapeau blanc (royaliste) est sur le clocher d’Ingrandes. Le 21, le comité aristocrate est établi à Ingrandes, au nom du Roi Louis XVII, pour tenir l’ordre dans la ville et l’expédition des passeports pour les voyageurs et donner des billets de logement aux « brigands » qui arrivaient à Ingrandes. Du 24 au 26 Juin, l’armée catholique et royaliste est passée à Ingrandes, venant d’Angers, au nombre d’environ 3000 hommes.

Le 28 Juin, il s’est donné un rude assaut à Nort (sur Erdre), au nord de Nantes, à trois ou quatre lieues sur la route de Rennes.

Le 8 juillet 1793, à trois heures du matin, les hussards nationaux sont entrés à Ingrandes. Ils ont replanté l’arbre de la Liberté sur la place proche de l’église, ont fait ôter le drapeau blanc sur le dessus du clocher et ont fait mettre en place le drapeau tricolore ROUGE – BLEU – BLANC. Le lendemain, on a tiré le canon sur la maison où demeurait BAUGE, sur la rive gauche de la Loire, vis à vis d’Ingrandes que (où) les patrouilles de brigands venaient s’y réfugier. Mercredi 10, à dix heures, les hussards et toute la garnison, qui étaient à Ingrandes, sont partis pour Angers. Tous les habitants d’Ingrandes étaient dans la plus grande consternation ; plus de la moitié ont suivi la troupe, même plusieurs femmes et filles sont allées jusqu’à Champtoçé. On a bivouaqué toute la nuit dans la plus grande inquiétude. J’ai passé toute la nuit dans mon jardin avec deux ou trois de mes amis. Le 11, trois hommes de l’armée chrétienne ont passé la Loire en plein midi. Ils sont venus voir à Ingrandes ce qu’il se passait. Ils sont restés environ trois heures et sont retournés voir leurs camarades qui étaient de l’autre côté de la rivière au nombre de 150, tant à pied qu’à cheval. Le 13 juillet, à dix heures du soir, 200 hommes de la garde nationale d’Angers sont arrivés à Ingrandes. Le lendemain, comme il se faisait toujours des tirailleries, des coups de fusil de part et d’autre des deux côtés de la Loire, un citoyen de la garde nationale d’Angers a été blessé à la tête par une balle tirée par les brigands de l’autre côté de la rivière. Le citoyen était devant la grande porte de l’église ; la balle a frappé dans le mur et il a été blessé par contre coup.

Le vendredi 19, entre onze heures (du soir) et minuit, des citoyens d’Angers en garnison à Ingrandes, ont planté l’arbre de la Liberté sur la grève, au milieu de la rivière. Le dimanche 28, il est entré de la troupe à Ingrandes avec une pièce de canon.

Le 10 août 1793, la garnison a fait des patrouilles à Ingrandes pour empêcher tout le monde de travailler à cause de la fête de la Constitution. Ils entraient dans les maisons et les femmes qui étaient trouvées à filer, coudre ou brocher, etc… étaient emmenées par la patrouille chez le commandant.

Le 3 Septembre, au soir, les aristocrates ont braqué une pièce de canon vis à vis d’Ingrandes et ont tiré plusieurs coups sur la ville sans faire aucun dommage. Le 6, l’armée de Mayence a passé Ingrandes pour aller dans la Vendée du mardi 3 jusqu’à ce jour, au nombre d’environ 15000 hommes sous les ordres du Général AUBERT DU BAYEUX. Le 12, le tocsin d’alarme a sonné dans les communes du département d’Angers pour rassembler tous les hommes au chef-lieu du district, armés de fusils, brocs, faux, pour marcher en masse contre les rebelles de la Vendée. Notre canton de Saint Georges est dispensé d’y aller parce qu’il fallait que nous nous gardions nous-mêmes sur les bords de la Loire. Le vendredi 13, il a été trouvé un homme noyé à Ingrandes, du côté du Cassoir, à une portée de fusil au-dessous de la maison appelée « les Granges ». Il avait sur lui une vingtaine de lettres anonymes, et très équivoques, avec trois ou quatre cent livres en assignats. Il y a tout lieu de croire que c’était un agent de correspondance entre les ennemis, les aristocrates du pays. Ce qui le rend plus suspect, c’est qu’il a été reconnu pour être le domestique de Monsieur MISSIE Eugène, chef des travaux des mines à charbon de notre pays, dont plus de la moitié, tant officiers qu’ouvriers ont émigré et passé de l’autre côté de la Loire avec les ennemis. On a remarqué que deux ou trois jours auparavant, sur dix ou onze heures du soir, la sentinelle en faction du côté des Granges avait entendu quelques mouvements dans un petit bateau qui était enchaîné à quelques distances. La sentinelle ayant crié plusieurs fois « Qui Vive » sans qu’on lui réponde, elle avait tiré un coup de fusil ce qui fait que plusieurs patrouilles sont accourues sur le rivage. On présume que cet homme, se voyant découvert, s’est jeté à l’eau et s’est noyé.

FLASH : Les Vendéens battent KLEBER à Torfou

Le 19 septembre, sur les huit heures, nous avons entendu une forte canonnade du côté de Montjean ; le bataillon des Pères de Famille, d’environ 800 hommes du pays qui passait à Montjean fit que les aristocrates se sont sauvés. Les patriotes ont mis le feu dans les cuisines du château, ensuite ils ont eu avis qu’un père cordelier s’était sauvé dans un petit bois ; ils l’ont entouré. Le prêtre se voyant découvert s’est présenté à eux. Il a été traîné à Montjean et fusillé sur-le-champ. Les patriotes se sont après cela amusés, les uns à boire, les autres à transporter leurs effets, linge et marchandises sur le rivage et dans la petite île de Montjean. La nuit s’est bien passée, lorsque le vendredi matin, sur les sept à huit heures, les sentinelles ont aperçu l’ennemi venir en foule du côté de Montjean, environ 2000. Aussitôt les patriotes se sont précipités pour repasser la Loire. L’adjudant général TABARY, homme faux, caractère très méprisable (c’était un ivrogne), s’était amusé à boire à Montjean et était pour lors couché, endormi dans une écurie, ivre. Il fut heureux d’être réveillé et de se sauver. Ce « digne » homme avait le commandement des citoyens depuis Angers jusqu’à Ingrandes, sur la rive droite de la Loire.

Le 10 Octobre 1793, dans le courant de la nuit, on a battu la Générale à Ingrandes. C’était au sujet d’une troupe de paysans aristocrates qui enfonçaient les avant-postes des Gardes Nationaux dans la « prée » de Montrelais et qui ont passé sur la rive gauche de la Loire où étaient leurs camarades brigands qui les attendaient et qui leur ont procuré les bateaux. Ils se faisaient des signaux par des amorces brûlées. Il a été tué un aristocrate dans cette affaire là ; c’était un nommé CARON de Saint Herblon. Le mardi 15 on a encore battu la Générale à Ingrandes dans le courant de la nuit. On disait que les brigands passaient la Loire au dessus d’Ancenis ; c’était une fausse alerte.

Jeudi 17 Octobre, un bataillon de Pères de Famille, composé des habitants de Montjean, Saint Georges et autres communes voisines, ont exécuté le projet hardi de passer la Loire vis à vis de Montjean. Ils ont surpris les sentinelles aristocrates par la trahison d’un citoyen qui était de garde avec les brigands. Les citoyens ont massacré plusieurs personnes dans le corps de garde et fait une trentaine de prisonniers et pris une vingtaine de chevaux et deux pièces de canon. Au nombre étaient deux femmes de condition qui avaient sur elles plusieurs effets précieux.

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